Salade folle volet 1
Voilà le type de plan d'eau que beaucoup rechignent à pêcher du fait de la difficulté à aborder cette pêche très « tactique « car le repérage est délicat et constitue la réussite ou l’échec d’une session et ce bien loin devant la composition d’une bouillette « philosophale », car souvent les herbiers grouillent de nourriture naturelle genre escargots d’eau, puces d’eau, gammares et autres que les carpes trouvent sans devoir se baisser car ils pullulent dans ces lieux de frénésie alimentaire, la bouillette constitue à mon sens une sorte de friandise, que la carpe trouve là un peu par hasard…ou au contraire si le poste est soigneusement choisi vos résultats s’en ressentiront grandement…

Passons à l’essentiel comment aborder ce type de plan d’eau… surtout ou sont-ils dans votre plan d’eau… je vous fais par ici de ma propre expérience en la matière, elle n’est pas énorme mais servira à poser les premières fondations de votre pêche.


Tous les herbiers ne sont pas aussi visibles...



Commençons par repérer les herbiers, il vous faudra parfois perdre du temps pour en gagner en passant du temps à les rechercher que ce soit à vue (à partir d'un arbre )avec des jumelles ou encore avec une canne, de la tresse et un flotteur sondeur ou encore un plomb seul, dans mon cas ils étaient assez localisés aux zones peu profondes environ entre 60 et 1m50. Le poste convoité n’était pas très éloigné d’une superbe roselière.

L’herbier en question constituait un bloc assez épais 10m de long sur 2m de large environ avec quelques pousses moins coriaces aux alentours.


Terrain de jeu



Le spot bien qu’invisible a été découvert lors d’une pêche à proximité de la roselière où les carpes démarraient furieusement vers cet endroits précis sans raison apparente et ce n’est que lorsqu’une de ces furies réussit à atteindre cet obstacle salvateur suivit d’un décrochage que le pourquoi de cet entêtement à prendre ce chemin….

« Je pus alors comprendre que les carpes prises aux alentours étaient vraisemblablement en maraude entre l’obstacle (nourriture et sécurité) et une autre zone que je n ai pu définir (sûrement une zone de tenue) car selon moi les carpes suivent invariablement un chemin qu’elles parcourent sans coup férir chaque jour lors de leur balade »

Ce poste était une zone de nourrissage vu l'énorme quantité de bestioles qui grouillaient dans l'herbier que j'ai épuisé en lieu et place de la carpe qui m'a allégrement faussé compagnie en s'enfouissant profondément au cœur de l’herbier…

La situation géographique de l'herbier baigné tout au long de la journée par le soleil, décuplait l'attrait auprès des carpes par la sensation de bien être du lieu, mais le plus dur restait à faire car les prendre à proximité (environ 10 mètres)n’était pas réellement compliqué car j'avais le temps de les éloigner du piège mais en pêchant dans leur garde manger auprès de leur fief végétal j’espérais augmenter de manière sensible mes résultats, mais pour cela il fallait résoudre deux inconnues à l’équation herbeuse…

La première comment s’assurer que la ligne serait pêchante à 100% ? Cette inconnue fut rapidement résolue par l’usage de flocon soluble qui dissimulait l’hameçon et assurait une dépose sur les herbes pas trop hautes de plus l’adjonction de sacs solubles « pleins » rajoutait de l’attrait « au piège » habilement placé au ras du massif.

La seconde inconnue était un peu moins évidente elle consistait à trouver un montage résistant aux tortures d’un passage dans un herbier très dense et d’un combat généralement en force car chacun veut le dessus sur l’autre et c’est une lutte sans merci qui s’engage alors…de même qu’un hameçon qui ne se redressera pas à la première traction digne de ce nom.

Petit à petit les solutions se profilaient à l'horizon et je dûs délaisser mon traditionnel montage de fuite pour un inline qui s'accroche moins dans les herbiers. Voici le premier élément de la solution, je couplais alors cet inline a du mole lead core (Mika Product) 45 lbs, le dernier point résidait dans le couple tresse hameçon.

Finalement le choix de ce couple vira vers un Gamakatsu super hook taille 4 ou 6 et du quicksilver 35lbs tout ce qu'il faut pour faucarder les herbiers les plus réticents et résister aux frottements répétés au cœur de ces mêmes herbiers.


Les quatre fantastiques



Je pouvais enfin affronter à armes « égales » ces chères carpes qui patrouillaient aux alentours de l'herbier et qui marsouinaient allègrement à l’aube sans que je sache pourquoi, évidemment si elles sont à côté du frigo ça change tout…je me décidais alors à leur apporter des zakouski sous la forme de pellets agrémentés de bouillettes coupées avec à l'hameçon une bouillette de 20mm seule ou en bonhomme de neige.

Pour être sûr de pêcher à la bonne distance, le premier lancer s’effectua à vide afin de placer le montage au plus près de l'herbier, la distance voulue atteinte, je bloque alors le fil dans le line clip et ramène mon montage qui reçoit alors le sac parfumé. Une fois le bombardement effectué (oui ça manque de discrétion mais c’est efficace) j’étale une trentaine de boules aux alentours afin qu’elles mettent le nez dedans et goûtent pour voir comment c’est….


Un vrai groin de sanglier...très utile pour labourer un herbier




Petite parenthèse à ouvrir pour ne pas oublier que lorsque vous pêchez « contre » l’herbier il est primordial de ne pas s’éloigner des cannes sous peine de voir la carpe rejoindre son herbier tant apprécié, le frein doit être plus serré qu’à l’accoutumée et vous devez réagir aux premiers bips, par une prise de contact ferme mais pas trop car le risque de décrochage existe (une main de fer dans un gant de velours) l'idéal est de pouvoir reculer de quelques pas tout en jaugeant l’adversaire afin de la surprendre et de tenter de la retourner afin de la faire démarrer en logeant l’herbier, ou toute autre direction sans risque car elle va tenter par tous les moyens d’y retourner...et dans ces cas là il ne faut pas laisser la moindre marge de manœuvre à notre carpe herbeuse et c’est dans ce genre de situation que vous pourrez réellement déterminer les limites de votre matériel car c’est un bras de fer impitoyable qui s’engage…mais malheureusement l'expérience m'a appris que les limites sont parfois bien plus loin que l'on croit

13h45 depuis ce matin la zone dépourvue d’herbes et amorcée préalablement ne tient pas ses promesses malgré le temps clément et je décide de me déplacer d’une cinquantaine de mètres sur ma gauche afin de pêcher au ras de ce fameux herbier placé bien à l'abri du vent … Un tilt résonne dans ma tête et me rappelle alors que si les carpes affectionnent de suivre le vent elles adorent aussi profiter du bienfait de l’astre solaire bien présent, ce qui me permet aussi d’en profiter pleinement, revenons à la pêche la première canne est placée à l’écart environ 2 mètres à gauche de l'herbier et fera office de tête chercheuse afin de tenter de séduire une maraudeuse en quête d’une bonne bouffe, la seconde rejoindra le pourtour de l’herbier, le troisième lancer me comble, et le bout de mousse soluble m' assure que je ne suis pas dans l’herbier mais bien à la périphérie immédiate, dix bouillettes crèvent la surface avant que la mousse ne se soit totalement dissoute .

Je m’installe dans le level muni de mes jumelles afin de tenter de déceler leur présence mais rien ne vient troubler la quiétude de l’anse si ce n’est la famille canard qui vient à ma rencontre en quête de pain j’en profite pour le faire approcher un maximum et je tente discrètement de saisir mon appareil photo afin d’immortaliser cette rencontre le couple de canetons téméraires qui est quasiment dans mes pieds pour rechercher de quoi combler son appétit vorace… je le cadre délicatement sans geste brusque clic clac et biiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiii les canetons s’encourent à toute berzingue,


un joli couple très téméraire


je saisis la canne de gauche la carpe file le long de la roselière vers je ne sais quoi, en tous cas elle a l’air sûre d’elle et fonce toutes nageoires déployées à l’opposé de l'herbier… j’avoue que je n’ai pas tout compris et là...bloquée? non ca bouge mais ça frotte ensuite ça se débloque, heureusement pour moi, mais il va falloir manœuvrer en douceur le reste du combat car je ne connais pas l’étendue des dégâts.

La sensation est bizarre car je ne percois pas tout à fait les réactions du poisson et à l’approche du bord je comprends le pourquoi du comment par le biais d’une branche emmelée dans le montage, j’apercois une petite commune furieuse de ce tour de manège forcé, mais le bas de ligne n’a pas apprecié ce tour de force via la branche couverte de moules et se brise à qques centimètres de l’hamecon me laissant avec cette dernière en guise de prise, mais malgré ça pas mal de satisfaction d’avoir effectuer le bon choix…


Après les désillussions vient la récompense



Le bas de ligne scié est rapidement remplacé par un autre et c'est là que je m’aperçois de ma distraction, j’avais laissé négligemment un bas de ligne en silkworm 25 lbs dont la spécialité n’est vraisemblablement pas les obstacles impromptus, l’erreur est rapidement réparée et le quiksilver regagne sa place et par la même occasion le lieu du départ….

La catapulte en main 1 bouillette puis 2 puis trois rejoignent la zone et soudain un bip, deux bip me font lâcher ma fronde pour saisir la canne bipeuse, bloquer la bobine et reculer délicatement des deux pas , mais ce n'est pas du goût du poisson qui ne concède pas un pouce de terrain seule ma Phantom fait le dos rond, rien ne bouge, pendant quelques secondes le temps semble s’être arrêté, tout est figé, tension maximum sur le poisson, mon cœur lui bat la chamade, quant tout à coup le poisson semble décider à retourner dans son fief végétal, malgré la tension extrême de la ligne le poisson ne daigne pas changer d'avis et le cliquetis du frein se fait entendre comme les dernières secondes d’un match sans merci clic clic clic la bobine tourne au ralenti comme les aiguilles d’une montre , lentement inexorablement, tout reste tendu comme une corde à violon, une rafale de vent vient faire chanter le nylon, comme pour me signifier que c’est la chant du cygne… 5 minutes s’écoulent tous les stratagème y sont passés détendre le fil, pression, changements d'angle rien n’y fait le poisson est profondément enfoui, cinq longues minutes plus tard arc bouté sur la canne une lueur d'espoir apparaît alors, ça y est ça bouge mais aucune secousse ni de coup de tête, et au prix de gros efforts je ramène finalement 1 mètre carré d’herbiers, avec à mon grand désarroi le fluoro sectionné…

Après ces deux mésaventures je suis passé au montage décrit plus haut et à part un ou deux poissons calés dans l'herbier que j'ai su extirper avec patience et dextérité mais aussi grâce a la solidité des matériaux utilisés car ces carpes sont de rudes combattants luttant en force pour ne pas céder le moindre centimètre.

J’avoue que je n’ai pas toujours compris le pourquoi de cette mésaventure mis à part que le poisson est toujours maître de son élément et connaît lui parfaitement son lieu de prédilection ce qui lui donne évidemment quelques longueurs d’avance mais ça prouve que le pêcheur n’est pas gagnant d'avance c’est ce qui entretient nos rêves de caresser un jour le st Graal sous la forme d’une linéaire fuselée ou d‘une commune parfaite et peu importe son poids…


Cerise sur le gâteau...


l’essentiel est invisible pour les yeux…A de St Exupery

J’espère que ces quelques lignes pourront vous éclairer sur cette pêche très technique mais productive et je laisse le soin à mes collègues de vous faire partager leurs experiences sur la pêche en eaux herbeuses...

Publié par Carpvador le 03-02-2006
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