Pêché de jeunesse

Ayant débuté avec peu de moyens la pêche au coup, j’ai commencé comme certains avec un morceau de tuteur en bambou de 2m très rigide, ensuite, un vieux pêcheur m’a offert ma première canne au lancer en fibre de verre avec un vieux moulinet dont le frein ne répondait présent qu'une fois sur trois … avec de la chance, j'enrageais de ne pas pouvoir contrer ces furies à écailles qui dynamitaient souvent mes lignes à gardons sans que je ne puisse strictement rien faire, quoi que parfois une carpette coopérative se laissait emmailloter au prix de gros efforts… mais quelle joie, quel sentiment incomparable… dès lors je n’avais plus qu'une obsession traquer assidûment les carpes au flotteur…

Nostalgie

Il y a des années, je me contentais d’une canne de 3 mètres téléscopique sur laquelle j’avais enfilé quelques anneaux en plastique ajoutez à ça un moulinet au toc en alu bleu à tambour tournant et vous avez les ingrédients de longues soirées d’été que je passais au bord de l’eau dans l’attente d’une belle dorée…

Nostalgie quand tu nous tiens

Les combats étaient titanesques et souvent c’était le poisson qui l’emportait mais petit à petit ma technique évoluait et au fur et à mesure j’ai commencé à prendre de plus en plus souvent et régulièrement des carpes… mais la révélation à mes yeux a été la lecture d’un livre de la collection la vie en vert sur la pêche de la carpe, édité dans les années 70, où il était expliqué toutes les techniques de pêche pratiquées à l'époque, mais l’éclair est venu d’un extrait où il parlait des mœurs de la carpe et notamment il insistait sur le fait que les carpes avaient des chemins qu’elles parcouraient invariablement en quête de nourriture…. N’ayant ni le matériel, ni les moyens d’acquérir le matériel au lancer, la seule solution qui me restait était la pêche au flotteur et ce activement…mais petit à petit les techiques « modernes » ont pris le pas sur cette technique ancestrale mais réellement efficace

Le matériel

Si vous aimez les sensations fortes...

De temps à autre, je délaisse les tonnes de matos, j’aime retourner à mes premiers amours, simplicité efficacité et surtout solidité…Une canne entre 2m80 et 3m60 d’une puissance comprise entre 1 1/2lbs et 2lbs, deux trois flotteurs , une pochette d’hameçons, une boîte de plombs, une paire de ciseaux, une bobine de fil de 18 à 22 centièmes de préférence de la marque Milo krepton, car à mes yeux il s’agit là du meilleur fil pour ce genre d’exercice car très élastique il pardonne pas mal d'erreurs et a une resistance hors du commun.

Dans le creux d'une poche

Une épuisette à choisir en fonction du cheptel car il n’est pas nécessaire de s’encombrer d’un grand modèle que l’on utilise traditionnellement du fait que l’on ne reste jamais longtemps à prospecter un spot.

Un petit sac à bandoulière accueillera avantageusement tout ce petit matos sans nuire aux déplacements. Ajoutez à ça un petit matelas de réception pliant qui se transporte sous le bras ou dans l’épuisette…

Anglaise ou Francaise ?

Sur le plan du flotteur à utiliser, deux écoles s’affrontent… le flotteur traditionnel a deux points et le flotteur anglais un point… Pour ma part j’utilise les deux selon le plan d'eau sur lequel je pêche, de même pour le choix du moulinet, beaucoup préfèrent le moulinet à tambour fixe pour un confort de pêche qui selon moi n’est pas différent d’avec un moulinet type ritma 72 utilisé pour le toc, ce type de moulinet ne permet pas de pêcher à plus de 8-10m ce qui niveau précision de pêche est un plus, car lorsque l’on pêche au flotteur, on traque généralement des carpes actives qui sont en maraude le long des bords.

Ancêtre indémodable

Le moulinet type anglais permet quant à lui d’allonger sensiblement la distance de pêche mais la longueur de la ligne sortie nous fait parfois rater quelques touches à cause d’un ferrage légèrement différé…mais il permet toutefois de prospecter une zone plus vaste avec une précision moins accrue… Autre avantage en général le réglage du frein est plus précis avec un moulinet traditionnel mais il doit être bien réglé de sorte à ce qu'au ferrage il oppose une résistance pour bien piquer le poisson et après la prise de contact il puisse laisser démarrer la furie….C’est pour cela que je privilégie un ritma 72 qui permet de par sa manette arrière style full control de bloquer complètement la bobine lors du ferrage ce qui optimise le ferrage qui sera amorti par la souplesse de la canne, quoi qu’il en soit les deux se valent mais c’est selon vos préférences et surtout le type de plan d'eau que vous choisirez.

Restez en ligne…

La ligne, voici un des points capitaux de ce type de pêche, le montage est des plus simples, pour ma part je privilégie le montage en direct c’est à dire sans bas de ligne, l’hameçon est relié directement au corps de ligne. En terme de diamètre, je privilégie un 18 – 20/100, car c’est un bon compromis entre discrétion et résistance car là où je pratique les poissons excèdent rarement les 10 kilos, mais une (bonne) surprise n’étant jamais à exclure, logiquement on peut faire face à de beaux poissons avec un peu de dexterité de patience et … une pincée de chance. Rien ne vous empêche cependant d’augmenter le diamètre mais selon moi le plaisir en pâtirait…

Ca flotte mon pote

Le flotteur, voilà qui pourra en surprendre plus d’un, j’aime utilise un flotteur très léger type 4x12 (0.3gr) par temps calme à 4x18 (0.7gr) par temps venteux. Il devra aussi comporter une antenne épaisse pour éviter les fausses touches dues aux poissons qui frôlent la ligne, cela permettra aussi d’utiliser des esches volumineuses.

Le choix des armes

Pourquoi un flotteur si léger ? Malgré le fait que l’on traque des gros poissons, ne négligeons pas le fait que nous avons affaire à un poisson somme toute assez méfiant, et que discretion ne nuit pas, mais si on montait en grammage ce serait la présentation qui en pâtirait du fait qu’il y aurait plus de plomb sur la ligne, et que la carpe risquerait de recracher plus rapidement du fait de l'inertie du plomb et du volume plus important du flotteur donc pourquoi utiliser un 0.7gr là où un flotteur plus petit ferait l’affaire, mais n'oublions pas que nous ne devons pas battre des records de distance là aussi, le plus important, c’est de s’adapter aux conditions du moment (vent, profondeur…)

Under pressure…

Selon moi, un autre élément déterminant est l'hamecon qui est un des éléments qui supporte une pression énorme, il doit pouvoir s’ancrer solidement et résister sans casser, ni s’ouvrir, quel choix difficile…

J’utilise couramment des tailles comprises entre 14 et un bon numéro deux, et ce en relation avec le lieu et les esches avec lesquelles j’attaque les carpes, pour un grain de maïs je préconise un 12 moyen de fer tige courte à pointe rentrante, pour des esches molles telles que le fromage, du rich pro, de l’amorce ma préférence va du n° 8 au n°2, fort de fer, à large ouverture, tige courte et à palette.

Move, action

A propos d'action, cette pêche se pratiquant souvent à moins de 10 mètres du bord je ne saurais trop vous conseiller de faire preuve d'une grande discrétion, et ce aussi bien et surtout lors de l'approche du poste car il ne faut surtout pas arriver avec ses grands sabots en tapant des pieds sans la moindre discrétion et parlant fort et en faisant de grands gestes désordonnés, il vous faut faire preuve de délicatesse car peut être que les carpes ne vous voient pas mais elles peuvent vous entendre… Dans cette optique évitez un tant soit peu les vêtements flashy surtout si vous bougez de place afin de traquer nos belles qui rodent sans crainte dans 40 cm d’eau….

Discrétion avant tout

Autre aspect essentiel à mes yeux, la dépose de la ligne peut se faire comme au coup en balancant la ligne afin de bien l'étaler parfois la carpe est intriguée par ce bruit … Mais les plus farouches (souvent les plus aguerries) détalent toutes nageoires dehors laissant derrière elles un remous gros comme ça engloutissant par la même occasion nos doux rêves de combats rapprochés.

Un autre facon est la depose verticale tout en douceur à l'aplomb du scion , certes on n’ a pas un grand rayon d'action mais la discrétion absolue de ce type de dépose ne suscite aucune crainte de la part des carpes qui souvent sont en train de labourer le fond à grand coups de groins de plus la précision est optimale et permet même de tenter de cibler une carpe en particulier si on a pu les apercevoir auparavant pour cela un autre atout essentiel est une paire de lunettes polarisantes qui suppriment (en partie ) les reflets qui nous empêchent de distinguer les poissons et permet aussi une meilleure visualisation des touches.

Hooooot spot

Pour ce qui est action de pêche, ferrage et travail du poisson, cette partie-là fera l'objet d’un second article avec très certainement une vidéo à la clé.

Ca donne envie n'est-ce pas...

La pêche au flotteur est une des facettes de notre pêche à ne pas négliger, car certains jours c’est la seule suceptible de produire des touches, à condition de patience et de pêcher bien sûr là où sont les poissons car évidemment il ne suffit pas de tremper une ligne dans l’eau pour faire des touches à profusion…