L’histoire sans fin




Cette nuit, le mercure est descendu
Tellement bas qu’on ne le voyait plus,
Gelée, la berge porte mes empreintes
Blanche, la brume habille cette magnifique gravière

Pas un souffle de vent
Pas un oiseau, rien
Le silence règne
Rien ne vient perturber ce silence presqu’inquiétant

Soudain, un poisson fait dos rond,
Sous mes yeux écarquillés, sous la brume
Il perce le miroir impénétrable de l’inconnu
Là bas, non loin du bonheur

Le temps semble ne plus être de ce monde
Les secondes semblent interminables

Un bip, un écho dans cette vallée encaissée
Le led de mon Delkim vole la blancheur de la brume,
Laissant une vision d’un rouge apocalyptique
La plénitude matinale est perturbée
Le temps s’est arrêté

Au bout de la ligne, une joie
Un mode de vie, des sentiments indescriptibles

La bobine tourne, l’enfant sourit
Comblé, il stoppe net sa course folle
Devant son roseau plié
Ferrer n’est pas la première chose qui lui vient à l’esprit
Ferrer, ce serait rompre un mystère
Rompre LE mystère qui fait battre son petit cœur fragile

Une larme naît dans son œil, il ne peut contenir sa joie
Ce sentiment, seuls les puristes, seuls les vrais peuvent le ressentir et le partager
Son sang ne fait maintenant qu’un tour dans ses veines
Il respire profondément avant d’empoigner sa gaule

Le temps s’écoule à nouveau
La vie semble reprendre
Le corps à corps peut enfin commencer
Poussées d’adrénaline, sueurs froides
Elongation de polymères, compression de carbone
La fugitive entre enfin dans le triangle magique
Car finalement tout ceci n’est que magie


L’aiguille du peson entame sa course folle
Mais lorsqu’elle s’arrête, les chiffres s’effacent
Sans doutes valent-ils bien moins qu’une robe de miel

Les choses ont la valeur qu’on leur donne
Cette histoire est commune à tous
Seuls le poids et l’importance des mots
Varient d’un pêcheur à l’autre
Tout comme les chiffres du peson
La fin de ce récit s’est effacée
Elle ne dépend que de vous
Soit vous la continuez sur cette vision
Et vous remettez votre poisson en cet endroit rêveur
Soit vous inversez le sens des mots
Et vous vous envolez
Avec celle qui vous a fait vibrer
Qui vous a procuré tant de bonheur
Son destin ne dépend que de vous.



Publié par Gauthier le 15-12-2003
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