Ce n’est pas la taille le plus important...

... mais la façon de s’en servir !

Désolé de vous décevoir mais nous allons parler de la taille… des appâts ! Si vous pensiez à autre chose (je vous vois venir…), c’est que vous vous êtes trompé de site ! Plus sérieusement, je vais essayer de vous rendre la vie, ou plutôt la pêche plus facile face aux choix de la taille des appâts, qui est très souvent un sujet de controverse. Alors, grosse bouillette ? Petite graine ? C’est ce que nous allons essayer de découvrir.


L’anti-conformisme, ça paye !
La preuve avec cette miroir de Saint-Cassien.



La pêche de la carpe est sans doutes une des pêches les plus complexes qui requiert des connaissances dans de nombreux domaines, qu’ils soient biologiques, géographiques, météorologiques, physiques, techniques ou tout « simplement » culinaires. Alors comment une chose aussi petite qu’un appât peut-il nous prendre la tête à ce point ? Une chose est certaine, c’est que si vous vous posez des tonnes de questions sans intérêts pour savoir si vous allez escher des micro-pellets ou deux grosses bouillettes montées en bonhomme de neige, c’est que vous n’êtes pas certain de la façon d’aborder l’endroit que vous vous apprêtez à exploiter. Et il n’y a rien de pire que de ne pas savoir par quel bout commencer ! Je vais vous mâcher un peu la tâche en vous donnant une petite série non exhaustive de « bonnes » questions à vous poser avant de sortir tel ou tel diamètre ou sorte d’appât.

- Les poissons blancs (et chats) sont-ils très présents ?
- Suis-je prêt à me lever 10 fois pendant la nuit ?
- Est-ce que le plan d’eau subit une forte pression de pêche ?
- Quels diamètres emploient habituellement les autres carpistes ?
- Quelle est la moyenne de poids de l’endroit ?
- Vais-je amorcer mon poste à l’avance ou pas ?
- Est-ce que je pêche en bordure ou à longue distance ?


Se démarquer à tout prix !

L’air de rien, ces quelques questions de base vont relativement bien nous éclairer dans notre choix. Généralement, seule la présence d’indésirables oriente votre aiguille à bouillette. Hors dans ce cas, les carpistes du coins utiliseront bien souvent tous des gros ou des petits diamètres, pour faire face au même fléau : les poissons blancs. C’est déjà un moyen facile de vous démarquer et d’escher quelque chose que les carpes ne sont pas habituées à voir et à manger. Par exemple, dans le cas où les brèmes sont très présentes et actives, les 95% des appâts que les carpes rencontreront seront de grosse taille parce que la grande majorité des carpistes n’aiment pas trop se relever 10 fois pendant la nuit pour décrocher une gluante et relancer son montage, même si il sait que des gros poissons hantent ces eaux, il « craquera » le plus souvent avant même d’avoir piqué une carpe et remettra sur ses cheveux des grosses bouillettes, de façon à bien terminer sa nuit. Il est clair que ce n’est pas agréable de passer des nuits blanches si chaque réveil n’est pas causé par un départ de carpe mais c’est là précisément qu’on voit si on est au bord de l’eau pour se détendre et oublier le stress d’une semaine chargée ou si on est là pour prendre du poisson coûte que coûte ! (je reconnais que parfois j’aime bien faire ma nuit et ne pas me lever pour rien, personne n’est parfait…)


Face à la pression de pêche,
sortez les micro-appâts…



Vierge ?

Voici un autre paramètre très important à prendre en compte lorsque vous abordez un nouvel endroit ! Si vous pêcher une eau classique, régulièrement pêchée, référez vous au paragraphe ci-dessus et prenez le contre-pied de ce qui est habituellement utilisé. En revanche, si vous avez la chance de jouir d’une eau vierge et dénuée de toute pression de pêche, il est vivement conseillé de pêcher avec des petits appâts. Ces poissons n’étant pas habitués à sortir de leur alimentation habituelle (benthos, plancton, écrevisses etc.), elles ne se jetteront que très rarement avec entrain sur vos appâts qui sortent de l’ordinaire et les testeront avant de les engamer. C’est dans ce cas précis que les petites bouillettes (8-14mm par exemple) ou les petites graines (micro-tiger, maïs, chanvre…) deviendront vos meilleurs alliées parce que même si ces esches ne seront pas dutout sélectives et que vous risquez de passer des nuits blanches, c’est le moyen le plus rapide « d’imposer » vos appâts aux carpes.

Pêcher ce genre d’endroits avec des grosses bouillette est une erreur parce qu’elles ne seront pas acceptées aussi bien que les plus petites, qui réclament déjà elles-mêmes une période d’accoutumance. Aborder un plan d’eau vierge fera l’objet d’un futur article, je ne vais donc pas trop développer le sujet ici si vous le permettez…


18mm, c’encore trop gros pour abordez des plans d’eau vierges !





Moyenne de poids et accoutumance.

Une des raisons principales qui vous incitent à escher une grosse bouillette est la présence de gros poissons. La démarche théorique n’est pas dénuée de bon sens mais dans la réalité, elle n’est pas toujours correcte. Si la majorité des gros poissons sont munis d’une grande bouche, ce n’est pas une généralité. C’est ainsi qu’on peut voire des très grosses carpes des plus de 25kg avec une bouche minuscule dans laquelle un bonhomme de neige de 24mm n’aurait pas pu entrer… et j’ai pu constater ce phénomène à plusieurs reprises, c’est pourquoi l’utilisation de gros diamètres est une arme à double tranchant dans certains cas, mêmes si des carpes mammouths à petites bouches restent assez exceptionnelles. Cependant, n’oublions pas qu’un gros poisson méfiant aura beaucoup plus difficile de tester une bouillette de 14mm plutôt qu’une 30, qui entre bien moins profondément dans sa bouche et qui réclame une aspiration bien plus importante. On ne compte d’ailleurs plus le nombre de grosses carpes qui ont succombé aux charmes d’une petite bouillette, d’un chapelet de maïs ou encore d’une seule tiger nuts… C’est là que vous devez composer en fonction du degré de méfiance des poissons de l’endroit exploité.

Dans le cas d’un amorçage d’accoutumance, j’utilise toujours des grosses bouillettes de 26, 28 ou 32mm. De tels appâts ne sont bien évidemment pas consommables par la blanchaille et relativement sélectifs parmi les carpes. Sur un poste amorcé avec de tels appâts pendant une période d’au moins 15 jours, la moyenne de poids est relativement élevée et les sujets de moins de 10kg se font généralement très rares. Il serait d’ailleurs inconscient d’amorcer un poste sur une longue période avec des bouillettes de 14mm, sauf si vous tenez vraiment à faire grossir les brèmes et que vous avez trop d’argent.

La distance : un facteur à ne pas négliger.

La distance à laquelle vous pêchez est également à prendre en compte. Tendre ses lignes à 250m avec de très petits appâts est relativement osé ! Au petit matin, vous aurez de grandes chances de retrouver une brème accrochée à l’hameçon. Dans ce genre de pêche, les gros appâts sont rois et permettent de garder ses montages pêchant. Mieux vaut dans ce cas-ci pêcher avec des appâts plus conventionnels (puisque pratiquement personne ne pêche à longue distance avec des petits appâts), plutôt que d’avoir un petit poisson accroché au bout et qui ne parvient pas à suffisamment déplacer le plomb que pour vous avertir de sa présence.

[img]appats/cespaslataille/04.jpg#[A longue distance ou en bordure,
n’ayez pas peur des grosses bouillettes./img]

Par contre lorsque vous lancez vos montages du bord à longue distance (une centaine de mètres), vous aurez bien entendu tous les avantages à mettre des petits appâts sur le cheveux, qui freineront beaucoup moins le montage en vol. De plus, vous n’aurez dans ce cas aucunes difficultés à relancer votre ligne en plein nuit.

Pêche de bordure = petits appâts ?

C’est très simple, et je suis relativement catégorique là-dessus, ma réponse est non ! Pourquoi me direz-vous ? Et bien pour la simple et bonne raison que les rares endroits où les carpes rencontrent des petits appâts sont les bordures. En effet, c’est bien moins embêtant de prendre des brèmes à 15-20 mètres que à 80, c’est l’occasion rêvée pour pêcher avec des 14mm sans devoir sortir le bateau ou le bait-rocket ! C’est donc une bonne raison pour sortir les « jumbo » (bien sûr seulement si il y a du gros poisson) de façon à une fois de plus faire l’inverse de ce que les autres pêcheurs font, et c’est souvent là la clé de la réussite…

Vous remarquerez que je n’ai pas parlé des appâts « standard » de 18 et 20mm que je n’utilise pratiquement plus. C’est le diamètre le plus employé…

Si vous vous attendiez à avoir des réponses catégoriques à toutes ces questions, vous serez sans doutes un peu déçus, mais la pêche de la carpe est avant tout une question d’adaptation comme vous avez pu le lire, alors eschez en fonctions des conditions du moment et n’oubliez pas le savon pour vous rafraîchir un peu les mains après avoir décroché les brèmes, et les avant bras le matin pour laver le mucus des carpes.


Publié par Gauthier le 30-03-2010
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